Eh non, je ne suis pas mort! Comme un Batman qui revient d'un voyage dans le temps, me revoici aux commandes de mon blogue avec du nouveau.
Le printemps nous assaille avec une quantité ahurissante de nouveautés cette année, la plupart d'entre elles gracieuseté d'Image. Conformément à mes résolutions de 2011, j'ai ramassé quelques numéros #1, tous exempts de collants disgracieux.
Nonplayer #1 de 6 (Image) - Texte et dessin de Nate Simpson - Un transfuge de l'univers du jeu vidéo, Simpson nous offre ici sa première œuvre dans le domaine des comics. L'histoire est intéressante: dans un futur proche, une jeune fille s'évade quotidiennement dans le monde imaginaire d'un jeu en ligne. Quand un personnage du jeu semble prendre les choses trop au sérieux, pourra-t-elle vraiment lui échapper dans la réalité? Un pur délice pour les yeux, on croirait assister à la renaissance de Möbius (qui est toujours en vie, soit dit en passant)!
Green Wake #1 de 5 (Image) - Texte de Kurt Wiebe et dessin de Riley Rossmo - Un meurtre sauvage surprend la petite ville tranquille de Green Wake. Mais qui pourrait s'en émouvoir dans un lieu où personne ne sait comment il est arrivé là et où les habitants prennent lentement l'apparence de grenouilles. C'est sombre, oppressant et terriblement intrigant. Ça rappelle beaucoup Fell de Warren Ellis et Ben Templesmith, autant par la teneur de l'histoire que par l'aspect artistique. (Ça me fait penser: Ellis a enfin recommencé à écrire cette série après un hiatus de trois ans - réjouissons-nous!)
Blue Estate #1 (Image) - Texte de Viktor Kalvachev et Andrew Osborn et dessin de Viktor Kalvachev, Nathan Fox, Toby Cypress et Robert Valley - Détectives privés, mafia russe, vedettes de cinémas sur le déclin et pastiche de Law & Order - bref, de tout pour plaire. Avec une histoire de crime noir classique et une brochette d'artistes qui se passent le crayon de scène en scène, Blue Estate s'avère une curieuse et ambitieuse expérience, unique dans son genre sur le marché actuel. Au cours d'un récent panel au Wondercon, Image a même révélé la contribution de nombreux autres artistes (dont Ben Templesmith) à la série. À surveiller!
Solomon Kane: Red Shadows #1 de 4 (Dark Horse) - Texte de Bruce Jones et dessin de Rahsan Ekedal - Dark Horse nous avait déjà régalés des aventures de Conan le Barbare et de Kull, deux autres créations de Robert E. Howard. La compagnie servant de foyer à Hellboy nous offre maintenant les aventures de Solomon Kane, chasseur de fantômes puritain du XVIIe siècle. C'est de la pulp fiction à son meilleur, inspirée directement de l'œuvre d'un des maîtres du genre! Un comic qu'on lirait en dégustant un bon popcorn au beurre, si ce n'était de la crainte d'en salir les pages.
Comichronique
Alan Moore disait qu'une bonne histoire fascine au point de vous attirer dans des arrière-ruelles pour vous infliger les pires violences, et que vous l'en remercierez! Je vous invite à me suivre dans les ruelles des comics héroïques américains. Ça ne manquera pas d'être intéressant et, après tout, on sera plus en sécurité si on reste groupés...
jeudi 7 avril 2011
dimanche 23 janvier 2011
Divertissement du dimanche : Sexy Batman
Visitez la page du webcomic de Kate Beaton pour d'autres visions totalement absurdes de personnages populaires. |
lundi 17 janvier 2011
Critique : The Infinite Vacation # 1
TEXTE : Nick Spencer (et Kendall Bruns pour certaines pages)
DESSIN et ENCRES : Christian Ward (et Kendall Bruns pour certaines pages)
LETTRAGE : Jeff Powell
OK wow.
Pour la première fois depuis longtemps, je suis complètement soufflé par un comic. Ça faisait une éternité que je n’avais pas terminé ma lecture par un insatiable besoin de lire le prochain numéro. On pourrait dire que The Infinite Vacation # 1 nous laisse sur notre faim, mais pas parce qu’il nous reste de la place, plutôt parce qu’on veut continuer de s’empiffrer malgré notre estomac qui menace d’éclater.
Avant de procéder à la critique elle-même, je dois prendre un moment pour vous parler du concept sous-tendant The Infinite Vacation. Alors voilà : nous sommes dans un futur pas trop éloigné – le type qu’on n'a toujours pas de vaisseau spatial mais on porte quand même d’étranges chaussures – et il est maintenant possible de faire commerce de l’infinie variété de nos vies alternatives. Par exemple : vous vous emmerdez au bureau et vous avez un peu d’argent de côté; pourquoi ne pas changez de vie pour celle dans laquelle vous êtes resté au lit? Seulement 2 999 $! Évidemment, plus les variations entraînent des changements marqués et bénéfiques, plus le coût augmente, car les « vendeurs » ne sont nul autre que les autres versions de vous qui ont fait des choix différents.
Notre protagoniste, Mark, est un habitué hardcore de ce type de transaction. Il nous l’avoue candidement et le récit se charge bien de nous présenter sa consommation de vies parallèles comme un automatisme qui tient de la dépendance. Mais peut-être se disciplinera-t-il un peu plus en prenant conscience que les autres Marks ont commencé à passer de vie à trépas à un rythme alarmant.
Nick Spencer nous sert un nouveau texte dont la prose vivante et actuelle est un véritable délice pour l’esprit. La majeure partie se trouve dans des rectangles de narration, ce qui est un peu dommage vu que Spencer brille habituellement dans les dialogues. J’aurais aimé lire plus d’échanges entre Mark et d’autres personnages (ou même avec lui-même) , mais la nécessité de bien expliquer les circonstances entourant l’intrigue sont souvent un mal nécessaire du premier numéro d’une mini-série.
D’ailleurs, le plus gros morceau d’exposition nous est parachuté par le biais d’une séquence spéciale sous guise de publicité pour la compagnie éponyme The Inifinite Vacation qui permet tout ce merveilleux commerce. C’est une idée originale et intéressante sur le plan visuel (les dessins de Ward font place à un style photo-roman auquel a collaboré Kendall Bruns), mais on ne peut s’empêcher de se sentir gavé de force comme une oie sur le point de transcender de son existence de volatile à celle de pâté.
L’idée derrière The InfiniteVacation est très riche, mais elle est aussi très complexe. Spencer ne prend pas de chance et nous lance le tout dès les premières pages. D’une part, c’est très pratique, mais de l’autre, le lecteur se sent bousculé et, ma foi, quelque peu intimidé. Comme un néophyte qui se fait expliquer en dix minutes comment se déroulera son premier saut en parachute, je n’ai pas pu m’empêcher de relire deux ou trois fois les pages en photos, de peur de manquer un détail important et ainsi de ne pouvoir pleinement jouir du reste de la série.
Si je devais adresser un autre reproche au texte de Spencer, c’est de nous balancer un belle « morale » toute faite directement de la bouche d’un des personnages. Le message lui-même est intéressant par sa pertinence en regard de notre société moderne; il constitue une mise en garde contre la recherche du plaisir immédiat, contre la consommation abusive des moyens de communication à notre disposition, sans égard pour la façon dont ces nouveaux canaux nous éloignent en fait les uns des autres et surtout de nous-mêmes. The Infinite Vacation incarnerait une allégorie parfaite pour une critique de cet état de choses, n'eut été de cet empressement à s’assurer qu’on a tous bien compris le sens des images qu’elle utilise. Je garde tout de même l'espoir que cette interprétation pré-digérée sera revue de façon subversive dans les prochains numéros.
Mais on ne s’embarrasse pas longtemps de ces peccadilles quand on a l’éblouissant travail de Christian Ward sous les yeux. Il s’agit d’une des rares fois où l’œuvre de l’artiste réussit à faire pardonner les quelques écarts de l’auteur. J’avoue que j’ignorais parfaitement qui était Ward avant The Infinite Vacation. J’ai donc fait quelques recherches qui m’ont permis de mettre la main sur des extraits d’un comic intitulé Olympus. On peut déjà y voir son style très original, mais c’est cette présente collaboration avec Nick Spencer qui lui permet de réellement prendre son envol.
C’est un kaléidoscope étourdissant de couleurs et de motifs qui nous saute aux yeux page après page. Le sujet de ce comic se prête heureusement à un traitement visuel complètement éclaté et Ward profite pleinement de l’occasion pour se laisser aller à des fantaisies qui trouveraient leur place justifiée dans une exposition surréaliste. C'est une véritable joie que de chercher les indices visuels et les motifs se répétant d’une page à l’autre. Un exemple d'un motif souvent utilisé est un quadrillage isométrique bleu, blanc et rouge. Je serais tenté de croire que la présence de ce motif est liée à une quelconque influence pernicieuse et secrète de la compagnie The Inifinite Vacation… mais j’essaye peut-être de creuser trop loin. La lecture des prochains numéros confirmera ou non cette hypothèse!
Ward nous offre un dessin qui mélange les couleurs très vives à l’aquarelle et des traits noirs durs et lourds autour de chaque figure. Le tout prend l’apparence d’un vitrail profane et irrévérencieux au travers duquel brille un magnifique soleil d’été. La beauté de ce visuel n’est nulle part plus évidente que lorsqu’il se permet quelques splash pages. Loin de ralentir l'action ou de servir d'excuse pour décompresser le récit, ces dernières nous invitent plutôt à nous arrêter et à bien boire chacun des détails que l’artiste a bien voulu sculpter amoureusement dans le verre et la lumière.
C’est un bel exemple de pertinence entre le dessin et le texte : la réalité du monde que Ward dessine est constamment remise en question. Les couleurs choquent, la mise en page excite, le récit intrigue. D’ailleurs, quand l’univers nous offre des possibilités infinies de changer sa vie à tout moment, n’est-il pas normal de perdre la notion de tout point de référence réel?
The Infinite Vacation nous invite à réfléchir sur la valeur des choix que nous faisons. La société dépeinte par Spencer et Ward a entrepris de mettre un prix sur ces chemins non parcourus de nos destins. Google y expose les conséquences des action non enteprises et eBay en fixe le coût.
À la différence de bien des comics aujourd’hui qui se complaisent dans les mêmes récits, The Infinite Vacation pose des questions qui nous seront peut-être adressées dans un futur qui se rapproche à une vitesse délirante. Dans ce sens, il raconte une histoire véritablement ancrée dans le 21e siècle.
Une chose demeure certaine : le temps passera très lentement d’ici The Infinite Vacation # 2.
DESSIN et ENCRES : Christian Ward (et Kendall Bruns pour certaines pages)
LETTRAGE : Jeff Powell
OK wow.
Pour la première fois depuis longtemps, je suis complètement soufflé par un comic. Ça faisait une éternité que je n’avais pas terminé ma lecture par un insatiable besoin de lire le prochain numéro. On pourrait dire que The Infinite Vacation # 1 nous laisse sur notre faim, mais pas parce qu’il nous reste de la place, plutôt parce qu’on veut continuer de s’empiffrer malgré notre estomac qui menace d’éclater.
Avant de procéder à la critique elle-même, je dois prendre un moment pour vous parler du concept sous-tendant The Infinite Vacation. Alors voilà : nous sommes dans un futur pas trop éloigné – le type qu’on n'a toujours pas de vaisseau spatial mais on porte quand même d’étranges chaussures – et il est maintenant possible de faire commerce de l’infinie variété de nos vies alternatives. Par exemple : vous vous emmerdez au bureau et vous avez un peu d’argent de côté; pourquoi ne pas changez de vie pour celle dans laquelle vous êtes resté au lit? Seulement 2 999 $! Évidemment, plus les variations entraînent des changements marqués et bénéfiques, plus le coût augmente, car les « vendeurs » ne sont nul autre que les autres versions de vous qui ont fait des choix différents.
Notre protagoniste, Mark, est un habitué hardcore de ce type de transaction. Il nous l’avoue candidement et le récit se charge bien de nous présenter sa consommation de vies parallèles comme un automatisme qui tient de la dépendance. Mais peut-être se disciplinera-t-il un peu plus en prenant conscience que les autres Marks ont commencé à passer de vie à trépas à un rythme alarmant.
Nick Spencer nous sert un nouveau texte dont la prose vivante et actuelle est un véritable délice pour l’esprit. La majeure partie se trouve dans des rectangles de narration, ce qui est un peu dommage vu que Spencer brille habituellement dans les dialogues. J’aurais aimé lire plus d’échanges entre Mark et d’autres personnages (ou même avec lui-même) , mais la nécessité de bien expliquer les circonstances entourant l’intrigue sont souvent un mal nécessaire du premier numéro d’une mini-série.
Une gueule de vendeur d'assurance... sûrement un méchant! |
D’ailleurs, le plus gros morceau d’exposition nous est parachuté par le biais d’une séquence spéciale sous guise de publicité pour la compagnie éponyme The Inifinite Vacation qui permet tout ce merveilleux commerce. C’est une idée originale et intéressante sur le plan visuel (les dessins de Ward font place à un style photo-roman auquel a collaboré Kendall Bruns), mais on ne peut s’empêcher de se sentir gavé de force comme une oie sur le point de transcender de son existence de volatile à celle de pâté.
L’idée derrière The InfiniteVacation est très riche, mais elle est aussi très complexe. Spencer ne prend pas de chance et nous lance le tout dès les premières pages. D’une part, c’est très pratique, mais de l’autre, le lecteur se sent bousculé et, ma foi, quelque peu intimidé. Comme un néophyte qui se fait expliquer en dix minutes comment se déroulera son premier saut en parachute, je n’ai pas pu m’empêcher de relire deux ou trois fois les pages en photos, de peur de manquer un détail important et ainsi de ne pouvoir pleinement jouir du reste de la série.
Si je devais adresser un autre reproche au texte de Spencer, c’est de nous balancer un belle « morale » toute faite directement de la bouche d’un des personnages. Le message lui-même est intéressant par sa pertinence en regard de notre société moderne; il constitue une mise en garde contre la recherche du plaisir immédiat, contre la consommation abusive des moyens de communication à notre disposition, sans égard pour la façon dont ces nouveaux canaux nous éloignent en fait les uns des autres et surtout de nous-mêmes. The Infinite Vacation incarnerait une allégorie parfaite pour une critique de cet état de choses, n'eut été de cet empressement à s’assurer qu’on a tous bien compris le sens des images qu’elle utilise. Je garde tout de même l'espoir que cette interprétation pré-digérée sera revue de façon subversive dans les prochains numéros.
Mais on ne s’embarrasse pas longtemps de ces peccadilles quand on a l’éblouissant travail de Christian Ward sous les yeux. Il s’agit d’une des rares fois où l’œuvre de l’artiste réussit à faire pardonner les quelques écarts de l’auteur. J’avoue que j’ignorais parfaitement qui était Ward avant The Infinite Vacation. J’ai donc fait quelques recherches qui m’ont permis de mettre la main sur des extraits d’un comic intitulé Olympus. On peut déjà y voir son style très original, mais c’est cette présente collaboration avec Nick Spencer qui lui permet de réellement prendre son envol.
The Infinite Post-It! |
Ward nous offre un dessin qui mélange les couleurs très vives à l’aquarelle et des traits noirs durs et lourds autour de chaque figure. Le tout prend l’apparence d’un vitrail profane et irrévérencieux au travers duquel brille un magnifique soleil d’été. La beauté de ce visuel n’est nulle part plus évidente que lorsqu’il se permet quelques splash pages. Loin de ralentir l'action ou de servir d'excuse pour décompresser le récit, ces dernières nous invitent plutôt à nous arrêter et à bien boire chacun des détails que l’artiste a bien voulu sculpter amoureusement dans le verre et la lumière.
Mon fond d'écran par J. H. Williams III a maintenant de la compétition! |
The Infinite Vacation nous invite à réfléchir sur la valeur des choix que nous faisons. La société dépeinte par Spencer et Ward a entrepris de mettre un prix sur ces chemins non parcourus de nos destins. Google y expose les conséquences des action non enteprises et eBay en fixe le coût.
À la différence de bien des comics aujourd’hui qui se complaisent dans les mêmes récits, The Infinite Vacation pose des questions qui nous seront peut-être adressées dans un futur qui se rapproche à une vitesse délirante. Dans ce sens, il raconte une histoire véritablement ancrée dans le 21e siècle.
Une chose demeure certaine : le temps passera très lentement d’ici The Infinite Vacation # 2.
dimanche 16 janvier 2011
jeudi 13 janvier 2011
...et Captain America se décide enfin à porter un casque
J'approuve! |
Décidément, c'est la journée des grands dévoilements! Cette photo de l'acteur Chris Evans sur le plateau de Captain America: The First Avenger a paru aujourd'hui dans le Entertainment Weekly.
Serait-ce que tout le monde se serait donné le mot pour créer des costume réalistes? Même si on reconnaît facilement le costume traditionnel du bon vieux Cap, on peut croire que ce serait le genre d'uniforme que l'armée américaine fournirait à son super-soldat. Non seulement porte-t-il un casque, mais les satanées petites ailes à la Astérix ont disparu aussi!
Spider-Man laisse tomber les bas-culottes en 2012
Mouais... d'accord. |
D'après ce qu'on peut voir, les concepteurs ont opté de jouer la carte du réalisme. Plutôt que de lancer notre héros dans un combat après l'autre avec rien d'autre qu'une fine couche de spandex entre ses fesses et l'asphalte, ils ont choisi de développer un design qui allie aspect pratique et fidélité au motif original.
Ainsi, il semblerait que le nouveau costume soit fait de matériaux qui rappellent les tenues utilisées par des athlètes comme des lugeurs, des alpinistes ou même des coureurs automobiles. Bref, quelque chose qui résiste à être traîné derrière une voiture sur cinq kilomètres ou à passer au travers d'une vitrine en verre trempé.
Reste plus qu'à voir le masque maintenant. Ma prédiction? Des lunettes de cyclistes intégrées à une cagoule de skieur alpin.
lundi 10 janvier 2011
Critique : Ultimate Captain America # 1
TEXTE : Jason Aaron
DESSIN et ENCRES : Ron Garney
COULEURS : Jason Keith
LETTRAGE : Clayton Cowles
Certains se souviendront que, lorsque j’ai exposé sans pudeur mes résolutions pour 2011, j’avais précisé que je tenterais de m’éloigner des comics de super-héros pour explorer un peu plus les autres genres que ce médium a à offrir. Or, peut-on trouver un icône plus fameux du monde en collants que le bon vieux capitaine en bleu, blanc et rouge?
J’en conviens : voilà que vous m’avez déjà pris la main dans la jarre à biscuit, alors que de l’autre je tiens encore la plume qui a servi à signer mon abonnement Weight Watchers. Cependant, je vous ferai remarquer, non sans prendre le temps de bien mastiquer ma gâterie, que j’avais aussi résolu de tenter ma chance avec d’autres œuvres de mes créateurs préférés.
AHA (comme s’écrirait un type en sarreau blanc), Jason Aaron!
L’homme en question a suscité un certain brouhaha la semaine passée en invitant Alan Moore à aller se faire foutre, mais ce n’est pour cela que son nom a capté mon attention. Jason Aaron écrit des comics depuis bientôt dix ans et produit des scripts de très haute qualité (PunisherMAX, Wolverine, Joker’s Asylum : Penguin). Sa série originale Scalped, dans la ligne Vertigo de DC, est un succès continuel chez les critiques et sa mini-série The Other Side lui a valu une nomination pour un Eisner en 2007.
Et comme il n’est pas avare de son talent, il consent à partager son expérience d’écrivain professionnel dans sa chronique Where the Hell Am I? sur le site de Comic Book Resources. C’est une lecture que je vous conseille vivement. Tiens, tant qu’à vous donner des devoirs, voici également deux de ses scripts.
Bref, quand j’aperçois le nom de Jason Aaron sur une couverture, je sais que mon cerveau se régalera d’un bon texte.
J’ai donc surmonté ma nouvelle résolution ainsi que mon dédain naturel de Marvel et de ses stratégies de marketing douteuses pour me délecter de l’œuvre de cet homme dont le talent et la barbe se dispute l’honneur d’être plus évident que l’autre.
Dès le début, on reconnaît les dialogues brutaux et directs d’Aaron. Bien que vaincu dès la première page, son Captain America est résigné mais défiant. On reconnaît à la lecture que l’auteur a fait du personnage un soldat avant tout, mais il n’oublie quand même jamais d’en faire un héros non plus. La capitaine parle en soldat, il agit comme un guerrier impulsif, il a la confiance frôlant l’arrogance d’un homme qui a l’expérience du combat et qui y a survécu.
Cependant, sous toute cette bravade, on voit aussi l’homme bon, brave et généreux qui n’hésite pas à être le premier à aller au-devant du danger. On peut ainsi lui pardonner un peu de chauvinisme, de la même façon qu’on excuse son grand-père de refuser de toucher au Nintendo parce que "ces salauds pensaient bien nous avoir à Pearl Harbour".
On constate également l’aspect soldatesque du Capitaine par le fait qu’il aborde les conflits dans ce comic comme des affrontements militaires : il a devant lui des ennemis qu’il doit vaincre et non pas des malfaiteurs qu’il doit appréhender. Cette touche de réalisme est la bienvenue quand on garde à l’esprit l’origine de ce personnage : Steve Rogers est devenu Captain America parce que son gouvernement a voulu créer une arme capable d’assurer aux Alliés la victoire sur les forces de l’Axe. Dans ce cas, il serait mal venu de voir ce qui est essentiellement une arme humaine rechigner devant un peu de sang.
Si, sous cette lumière, j’applaudis le caractère brusque et cavalier du texte, je déplore cependant deux choses. La première tient au caractère mélodramatique de certaines répliques mises dans la bouche du vilain principal. Ce dernier s’avère l’antithèse la plus efficace et la plus juste qu’on puisse opposer à un personnage comme Captain America (je n’en dis pas plus pour ne pas vendre la mèche). C’est donc dommage qu’Aaron lui fasse mastiquer d’aussi grosses bouchées de texte durant une scène d’action; c’est un peu maladroit et ça gâche l’image d’un personnage qu’on devrait aimer détester plutôt que l’inverse.
Mon second reproche est plus excusable en considérant l’incarnation de Captain America comme soldat. Un soldat a comme devoir de défendre son pays, le plus souvent contre les soldats du pays d'en face. Ainsi, il est difficile d’échapper à l’obligation d’associer un caractère nationaliste aux antagonistes. À l’époque de sa création, le capitaine combattait les nazis, puis il s’est élevé contre le communisme; de nos jours, ce sont les méchants-méchants Nord-Coréens qui jouent les mauvais larrons. Bon, j’imagine que Marvel s’attendait bien à ne rien vendre là-bas…
Parlant de Marvel, j’aurais bien aimé qu’ils se dispensent de promouvoir leurs autres lignes dans le récit de ce numéro. Ça sent l’éditeur à plein nez quand on a un personnage comme Hawkeye qui apparaît pour deux répliques, histoire de bien rappeler aux gens qu’ils devraient acheter Ultimate Avengers aussi. Un premier numéro, ça devrait d’abord servir à vendre le numéro 2 et les quelques suivants, pas à donner l’impression au lecteur qu’il n’y comprendra rien dès le mois prochain à moins de se constituer une documentation de recherche dans l’inventaire de la compagnie.
(Bon, je ne voulais pas en parler mais les six pages de promotion pour Age of X m’ont aussi fait monter la mutante – pardon, la moutarde au nez.)
Qu’est est-il du dessin? Les crayons de Ron Garney sont nerveux et impulsifs, ce qui cadre assez bien avec toute l’action dont déborde ce comic. On se trouve parfois interloqué par les expressions sur certains visages, mais ces grimaces sont tellement de circonstance vu les événements qui se déroulent qu’elles finissent par nous sembler tout à fait naturelles.
Si l’on peut reprocher une chose au visuel, c’est la façon incohérente dont sont chorégraphiés les combats. Les gens semblent réagir à des coups qui ne viennent de nulle part et les gestes se suivent d’une case à l’autre sans qu’on puisse vraiment comprendre comment on est passé au prochain. C’est d’autant plus étrange que, d’une part, la mise en page est assez conventionnelle : pour la majorité des pages, on retrouve une belle grille noire dont seule la grandeur et le nombre des cases viennent donner le rythme à l’action. D’autre part, quand on assiste plutôt à des conversations, tout coule sans heurt. On croirait que l’artiste aurait tendance à escamoter des étapes pendant ces moments tranquilles et de plutôt tirer toute la substance possible des scènes plus mouvementées.
Défi pour ceux d’entre vous qui ont l’œil perçant : essayez de trouver le batarang à quelque part dans ces pages. La semaine passée, c’était DC qui dissimulait Iron Man dans un comic; cette semaine, Marvel prend sa revanche avec Batman.
Le verdict final? Si vous êtes fan de Captain America et des Avengers, vous avez la chance d’avoir un auteur exceptionnel à la barre de cette nouvelle série. Jason Aaron démontre une compréhension intime de ce personnage trop souvent réduit au statut de simple symbole patriotique et je ne serais pas étonné qu’il fasse de nouveaux convertis.
Pour ma part, je continuerai à profiter du talent de M. Aaron du côté de Vertigo avec Scalped, sous un ciel exempt des nuages de marketing d’un éditeur trop enthousiaste.
DESSIN et ENCRES : Ron Garney
COULEURS : Jason Keith
LETTRAGE : Clayton Cowles
Certains se souviendront que, lorsque j’ai exposé sans pudeur mes résolutions pour 2011, j’avais précisé que je tenterais de m’éloigner des comics de super-héros pour explorer un peu plus les autres genres que ce médium a à offrir. Or, peut-on trouver un icône plus fameux du monde en collants que le bon vieux capitaine en bleu, blanc et rouge?
J’en conviens : voilà que vous m’avez déjà pris la main dans la jarre à biscuit, alors que de l’autre je tiens encore la plume qui a servi à signer mon abonnement Weight Watchers. Cependant, je vous ferai remarquer, non sans prendre le temps de bien mastiquer ma gâterie, que j’avais aussi résolu de tenter ma chance avec d’autres œuvres de mes créateurs préférés.
AHA (comme s’écrirait un type en sarreau blanc), Jason Aaron!
L’homme en question a suscité un certain brouhaha la semaine passée en invitant Alan Moore à aller se faire foutre, mais ce n’est pour cela que son nom a capté mon attention. Jason Aaron écrit des comics depuis bientôt dix ans et produit des scripts de très haute qualité (PunisherMAX, Wolverine, Joker’s Asylum : Penguin). Sa série originale Scalped, dans la ligne Vertigo de DC, est un succès continuel chez les critiques et sa mini-série The Other Side lui a valu une nomination pour un Eisner en 2007.
Et comme il n’est pas avare de son talent, il consent à partager son expérience d’écrivain professionnel dans sa chronique Where the Hell Am I? sur le site de Comic Book Resources. C’est une lecture que je vous conseille vivement. Tiens, tant qu’à vous donner des devoirs, voici également deux de ses scripts.
Bref, quand j’aperçois le nom de Jason Aaron sur une couverture, je sais que mon cerveau se régalera d’un bon texte.
J’ai donc surmonté ma nouvelle résolution ainsi que mon dédain naturel de Marvel et de ses stratégies de marketing douteuses pour me délecter de l’œuvre de cet homme dont le talent et la barbe se dispute l’honneur d’être plus évident que l’autre.
Dès le début, on reconnaît les dialogues brutaux et directs d’Aaron. Bien que vaincu dès la première page, son Captain America est résigné mais défiant. On reconnaît à la lecture que l’auteur a fait du personnage un soldat avant tout, mais il n’oublie quand même jamais d’en faire un héros non plus. La capitaine parle en soldat, il agit comme un guerrier impulsif, il a la confiance frôlant l’arrogance d’un homme qui a l’expérience du combat et qui y a survécu.
Cependant, sous toute cette bravade, on voit aussi l’homme bon, brave et généreux qui n’hésite pas à être le premier à aller au-devant du danger. On peut ainsi lui pardonner un peu de chauvinisme, de la même façon qu’on excuse son grand-père de refuser de toucher au Nintendo parce que "ces salauds pensaient bien nous avoir à Pearl Harbour".
On constate également l’aspect soldatesque du Capitaine par le fait qu’il aborde les conflits dans ce comic comme des affrontements militaires : il a devant lui des ennemis qu’il doit vaincre et non pas des malfaiteurs qu’il doit appréhender. Cette touche de réalisme est la bienvenue quand on garde à l’esprit l’origine de ce personnage : Steve Rogers est devenu Captain America parce que son gouvernement a voulu créer une arme capable d’assurer aux Alliés la victoire sur les forces de l’Axe. Dans ce cas, il serait mal venu de voir ce qui est essentiellement une arme humaine rechigner devant un peu de sang.
Si, sous cette lumière, j’applaudis le caractère brusque et cavalier du texte, je déplore cependant deux choses. La première tient au caractère mélodramatique de certaines répliques mises dans la bouche du vilain principal. Ce dernier s’avère l’antithèse la plus efficace et la plus juste qu’on puisse opposer à un personnage comme Captain America (je n’en dis pas plus pour ne pas vendre la mèche). C’est donc dommage qu’Aaron lui fasse mastiquer d’aussi grosses bouchées de texte durant une scène d’action; c’est un peu maladroit et ça gâche l’image d’un personnage qu’on devrait aimer détester plutôt que l’inverse.
Mon second reproche est plus excusable en considérant l’incarnation de Captain America comme soldat. Un soldat a comme devoir de défendre son pays, le plus souvent contre les soldats du pays d'en face. Ainsi, il est difficile d’échapper à l’obligation d’associer un caractère nationaliste aux antagonistes. À l’époque de sa création, le capitaine combattait les nazis, puis il s’est élevé contre le communisme; de nos jours, ce sont les méchants-méchants Nord-Coréens qui jouent les mauvais larrons. Bon, j’imagine que Marvel s’attendait bien à ne rien vendre là-bas…
Parlant de Marvel, j’aurais bien aimé qu’ils se dispensent de promouvoir leurs autres lignes dans le récit de ce numéro. Ça sent l’éditeur à plein nez quand on a un personnage comme Hawkeye qui apparaît pour deux répliques, histoire de bien rappeler aux gens qu’ils devraient acheter Ultimate Avengers aussi. Un premier numéro, ça devrait d’abord servir à vendre le numéro 2 et les quelques suivants, pas à donner l’impression au lecteur qu’il n’y comprendra rien dès le mois prochain à moins de se constituer une documentation de recherche dans l’inventaire de la compagnie.
(Bon, je ne voulais pas en parler mais les six pages de promotion pour Age of X m’ont aussi fait monter la mutante – pardon, la moutarde au nez.)
Qu’est est-il du dessin? Les crayons de Ron Garney sont nerveux et impulsifs, ce qui cadre assez bien avec toute l’action dont déborde ce comic. On se trouve parfois interloqué par les expressions sur certains visages, mais ces grimaces sont tellement de circonstance vu les événements qui se déroulent qu’elles finissent par nous sembler tout à fait naturelles.
Si l’on peut reprocher une chose au visuel, c’est la façon incohérente dont sont chorégraphiés les combats. Les gens semblent réagir à des coups qui ne viennent de nulle part et les gestes se suivent d’une case à l’autre sans qu’on puisse vraiment comprendre comment on est passé au prochain. C’est d’autant plus étrange que, d’une part, la mise en page est assez conventionnelle : pour la majorité des pages, on retrouve une belle grille noire dont seule la grandeur et le nombre des cases viennent donner le rythme à l’action. D’autre part, quand on assiste plutôt à des conversations, tout coule sans heurt. On croirait que l’artiste aurait tendance à escamoter des étapes pendant ces moments tranquilles et de plutôt tirer toute la substance possible des scènes plus mouvementées.
Défi pour ceux d’entre vous qui ont l’œil perçant : essayez de trouver le batarang à quelque part dans ces pages. La semaine passée, c’était DC qui dissimulait Iron Man dans un comic; cette semaine, Marvel prend sa revanche avec Batman.
Le verdict final? Si vous êtes fan de Captain America et des Avengers, vous avez la chance d’avoir un auteur exceptionnel à la barre de cette nouvelle série. Jason Aaron démontre une compréhension intime de ce personnage trop souvent réduit au statut de simple symbole patriotique et je ne serais pas étonné qu’il fasse de nouveaux convertis.
Pour ma part, je continuerai à profiter du talent de M. Aaron du côté de Vertigo avec Scalped, sous un ciel exempt des nuages de marketing d’un éditeur trop enthousiaste.
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